L’été dernier, la loi apportant le plus grand soutien aux solutions environnementales de l’histoire des États-Unis a été adoptée. Pourtant, le nom de cette loi n’aurait rien laissé présager de tel. L’Inflation Reduction Act de 2022 (IRA), promulguée par le président Joe Biden le 16 août 2022, a été initialement présentée comme la loi « Build Back Better Act », mais aucun de ces deux noms ne reflète les véritables intentions de cette loi : lutter contre le changement climatique et revigorer la politique industrielle et stratégique des États-Unis dans le même temps. Non seulement l’IRA donne aux États-Unis une véritable chance d’atteindre leurs objectifs de réduction de 40% des gaz à effet de serre par rapport aux niveaux de 2005 d’ici à 2030, mais elle constitue également un catalyseur sans précédent pour les entreprises actives dans le domaine des solutions environnementales. Cette loi prévoit 369 milliards de dollars de dépenses sur dix ans, dont 158 milliards pour l’énergie propre, 13 milliards pour les incitations à l’achat de véhicules électriques, 14 milliards pour l’amélioration de l’efficacité énergétique des habitations et 22 milliards pour l’amélioration de l’approvisionnement énergétique des habitations. En outre, plus de 37 milliards de dollars sont consacrés à des mesures d’incitation simples et efficaces en faveur de l’industrie manufacturière, et cet investissement a déjà commencé à modifier le paysage des entreprises. Ces incitations vont encore plus loin en orientant les crédits d’impôt de manière à attirer les entreprises et les capitaux vers les États-Unis. John Podesta, conseiller principal du président Joe Biden, a récemment déclaré : « L’argent des contribuables américains doit aller aux investissements et aux emplois américains ».

En réponse, l’EU Net-Zero Industry Act et l’European Critical Raw Materials Act, surnommées « IRA UE » et faisant tous deux partie du plan « Green Deal », sont conçues pour éviter que l’Union Européenne ne prenne davantage de retard. La législation proposée fixe comme objectif principal qu’au moins 40% des besoins en technologies à faible émission de carbone soient satisfaits par l’industrie manufacturière au sein de l’UE d’ici à 2030. Ce qui nous frappe, c’est que tandis que le débat fait rage sur la faisabilité de cet objectif, les documents cachent un revirement de l’approche européenne. Reconnaissant que la politique américaine est plus incitative que punitive, les projets de l’UE font référence à un dispositif largement ignoré qui offre une aide aux entreprises « lorsqu’il existe un risque réel que les investissements soient détournés de l’Europe »1. Ce « cadre temporaire de crise et de transition », annoncé le 9 mars, est apparu deux jours après que Volkswagen a freiné ses projets d’usine européenne de batteries, citant jusqu’à 10 milliards d’euros d’incitations fiscales disponibles aux États-Unis sur la durée de vie d’une usine similaire.
Les leçons retenues
Il serait facile de penser qu’une mentalité de plus en plus protectionniste s’atténuera avec le temps, mais nous pensons qu’il est peu probable que cela se produise sur les marchés des technologies propres. L’IRA américain et son équivalent européen font explicitement référence aux « leçons retenues ». Les projets européens soulignent le risque de remplacer une dépendance excessive à l’égard des combustibles fossiles russes « par d’autres dépendances stratégiques qui pourraient entraver notre accès à des technologies et à des matières premières clés pour la transition verte »2.

Il ne fait aucun doute que ces dépendances stratégiques existent déjà. Le Net-Zero Industry Act fait directement référence à la Chine, qui représente 90% des investissements mondiaux dans les installations de fabrication zéro émission3. Cette statistique remarquable peut être attribuée à une décision politique chinoise qui a connu un succès phénoménal il y a plus d’une décennie. Le 10 octobre 2010, la Chine a publié la décision du Conseil d’État visant à accélérer le développement des industries stratégiques émergentes, décision qui a ensuite été intégrée au 12ème plan quinquennal de la Chine en 2011. Parmi les sept industries émergentes stratégiques, on en trouve cinq que les États-Unis et l’Europe visent désormais directement à entretenir et à protéger4. Aujourd’hui, la Chine domine plusieurs chaînes d’approvisionnement en technologies écologiques et compte les plus grands fabricants et fournisseurs mondiaux de composants essentiels tels que les batteries et les modules solaires photovoltaïques. Ayant commencé plus tôt, la Chine a également pris suffisamment d’avance pour assouplir le soutien gouvernemental à ces secteurs. Par exemple, les subventions aux véhicules électriques (VE) introduites en 2010 ont été réduites au fil du temps et ont pris fin le 1er janvier 2023, mais le marché des VE en Chine devrait continuer de croître.
Accepter le changement
Nous voyons trois implications à cette évolution du paysage. La première est qu’il s’agit d’une preuve supplémentaire de ce que nous considérons comme un moment décisif où les solutions environnementales ne sont plus considérées comme périphériques, mais au contraire comme faisant partie intégrante des économies et des marchés futurs.

La deuxième implication est qu’un environnement plus protectionniste ne signale pas le début d’un ralentissement de la croissance des solutions environnementales. Au contraire, l’IRA américain représente une reconnaissance du fait que le rythme doit s’accélérer considérablement pour atteindre les objectifs climatiques à long terme, et que les technologies et les solutions sont des secteurs de croissance stratégiques dans un monde en mutation. De la même manière que les entreprises stimulent les forces concurrentielles qui accélèrent le changement dans les secteurs du marché, la concurrence entre les États-Unis, l’Union Européenne et la Chine pour le leadership dans les solutions environnementales a le potentiel de donner l’impulsion nécessaire à la croissance des domaines de l’énergie propre, des bâtiments et de l’industrie verts, et des solutions de mobilité vertes, par exemple.

La troisième implication est qu’il y aura des gagnants et des perdants dans ce marché concurrentiel plus fragmenté, voire conflictuel. Il devient de plus en plus difficile pour les entreprises de solutions environnementales d’établir une position de leader sur les marchés américain, européen et asiatique. Il est donc primordial d’identifier les entreprises capables de tirer parti des opportunités offertes par l’évolution du paysage politique, tout en gérant les risques, afin d’obtenir une surperformance à long terme.

L’investissement thématique est l’acceptation et l’appétit d’un avenir différent de ce que l’on a pu connaitre jusqu’à présent. En saisissant les opportunités de croissance structurelle à travers les cycles économiques, l’investissement thématique offre aux investisseurs la possibilité de générer des performances supérieures à celles du marché sur le long terme. Si ces opportunités s’accélèrent, leur complexité s’accroît également, ce qui confère un avantage aux gérants actifs spécialisés.
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