S’il peut être commode d’attribuer à la guerre en Ukraine la récente flambée des prix du pétrole, la dure réalité est que nous nous dirigeons vers une crise énergétique depuis un certain temps déjà, les prix du gaz ayant augmenté de manière significative bien avant l’invasion de février.

 

Sur les marchés des matières premières, le vieil adage veut que le remède aux prix élevés soit la hausse des prix, car ils attirent les capitaux pour extraire, forer ou semer, ce qui augmente l’offre et fait baisser les prix. De même, le remède aux prix bas est la baisse des prix, car les capitaux se retirent, l’offre s’affaiblit avec le temps et les prix remontent.

 

Le changement climatique, l’objectif « zéro émission » et l’essor de l’investissement ESG (environnemental, social et de gouvernance) ont brisé ce flux de capitaux. Les compagnies pétrolières, confrontées à la hausse des coûts d’investissement alors que de nombreux investisseurs se sont retirés du secteur, ont entendu le message des gouvernements, des régulateurs et des investisseurs et ont agi en conséquence.

Maximiser les prix 

Les compagnies pétrolières et minières ont vendu des actifs pétroliers, gaziers et charbonniers, réduit leurs dépenses d’exploration et de développement, investi dans l’énergie éolienne et solaire ou dans les matières premières nécessaires à la transition énergétique. Même les entreprises américaines de gaz de schiste, critiquées par les investisseurs pour leur surdéveloppement coûteux, ne réagissent pas à la hausse des prix en forant davantage, mais en restituant le capital aux actionnaires. Le nombre d’appareils de forage a à peine augmenté en réponse à la récente flambée des prix.

 

Entre-temps, l’OPEP+ a maintenu la discipline de l’offre sur la production de pétrole, encouragée par le choix de l’Occident de se sevrer de son produit au cours des trente prochaines années : alors pourquoi ne pas maximiser les prix en attendant ?

 

Notez que les hydrocarbures sont toujours la source d’environ 85 % de l’énergie mondiale et que, sur les trois décennies 1990-2020, les énergies renouvelables sont passées de 6 % à environ 15 %, pour un coût d’environ 2000 milliards de dollars. 

Éolien et solaire 

Malheureusement, une fois que l’électricité produite par les énergies éolienne et solaire atteint un certain pourcentage de l’approvisionnement du réseau, les prix oscillent entre le positif et le négatif. En l’absence d’une découverte technologique dans le domaine du stockage des batteries, le réseau dépend de plus en plus du nucléaire, du gaz ou du charbon pour combler les lacunes lorsque les énergies renouvelables ne produisent pas.

 

La Chine, qui a adopté les énergies renouvelables ces dernières années en raison de la persistance du smog, a constaté que leur manque de fiabilité était tel qu’elle a dû rationner l’énergie, les gros utilisateurs industriels étant mis hors tension pour que l’approvisionnement des ménages puisse être maintenu. Des pannes d’électricité et des coupures de courant ont été enregistrées dans de nombreux réseaux à travers le monde. Il n’est pas étonnant que la Chine ait renouvelé son enthousiasme pour le charbon, demandant récemment à ses mines de livrer 300 millions de tonnes supplémentaires cette année.

 

L’invasion de l’Ukraine par la Russie est une sonnette d’alarme selon certains en Occident. La sécurité énergétique est réapparue comme un problème, au même titre que la source et le type d’énergie. Dans un premier temps, il semblait que l’Allemagne devait reporter la fermeture de ses dernières centrales nucléaires, mais cela se fera comme prévu. Le Royaume-Uni, en revanche, soutient le développement de petits réacteurs nucléaires, même s’il est peu probable qu’ils soient mis en service avant une décennie. 

Une percée technologique ? 

Mais les appels à investir encore plus dans l’éolien et le solaire ne peuvent être la seule réponse, en ignorant le problème du manque de fiabilité. De plus, lorsque le polysilicium était à 5$ le kilo, le solaire pouvait être produit à l’équivalent de 12$ le baril de pétrole. Depuis l’invasion de l’Ukraine, il est à 33$ le kilo, ce qui va mettre un terme à l’essor des installations solaires flottantes observé il y a quelques années.

 

Peut-être avons-nous été bercés par la loi de Moore et la révolution numérique en croyant que la transition énergétique connaîtrait des percées technologiques et des améliorations de productivité similaires. Mais cela ne peut pas arriver, la physique exclut la multiplication par dix de la production d’énergie renouvelable.

 

Nous devons apprendre à aimer le gaz, moins dommageable que le charbon ou le pétrole, mais fiable et abondant lorsqu’il n’y a pas de vent ou de soleil. L’UE parle à juste titre de construire davantage de terminaux d’importation de gaz naturel liquéfié (GNL), mais même le terminal construit le plus rapidement aux États-Unis a pris deux ans. Les terminaux flottants pourraient être mis en service d’ici 2024-26. Les prix élevés du gaz au Royaume-Uni et en Europe attireront les méthaniers loin de l’Asie, mais malheureusement, l’Asie reviendra au charbon à la place. 

Plus haut, plus longtemps 

Nous devons donc aussi aimer l’industrie pétrolière et gazière. Les ingénieurs pétroliers partent à la retraite mais pour la jeune génération, cela va souvent à l’encontre de leur philosophie. Les universités suspendent les cours adaptés car il n’y a pas de candidats.
Nous devons être plus honnêtes quant aux délais de la transition énergétique, reconnaître notre besoin continu de gaz et attirer les jeunes dans cette industrie comme une partie de la solution au changement climatique.

 

Je crains que, quelle que soit la date à laquelle la situation en Ukraine sera résolue, nous soyons prêts pour plusieurs années de prix élevés de l’énergie, car il n’y a pas de réponse visible ou immédiate de l’offre. Des prix de l’énergie élevés signifient une consommation et une croissance économique plus faibles.
Ou si les gens veulent vraiment s’attaquer au changement climatique, nous avons besoin d’une réduction massive et légiférée de la demande. Limitation obligatoire de la vitesse à 80 km/h sur les autoroutes ? Est-ce que c’est une mesure pouvant faire gagner des voix ? Ou simplement taxer davantage les compagnies pétrolières et gazières, afin de les dissuader encore plus d’investir dans ces énergies ?

 

Il n’y a pas de solution facile pour sortir de cette crise énergétique.

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