Russie : les faits ont changé 

Ross Teverson, responsable de la stratégie, Global Emerging Markets Unconstrained, réfléchit aux événements tragiques survenus en Ukraine et aux implications des sanctions et contre-sanctions pour les investisseurs des marchés émergents.

 

Pour ceux dont l’univers d’investissement inclut la possibilité de détenir des actifs russes, la semaine dernière a tout changé. Comme la plupart des observateurs dans le monde, y compris ceux qui s’intéressent à la Russie depuis de nombreuses années, je ne pensais pas que la Russie lancerait une invasion à grande échelle de l’Ukraine. D’une part, parce qu’il n’y avait aucune chance que l’Ukraine rejoigne l’OTAN au cours de la prochaine décennie, et elle n’aurait peut-être jamais été en mesure de le faire. D’autre part, car la guerre ne bénéficie pas du soutien populaire en Russie. De nombreuses personnes ont des liens personnels étroits avec l’Ukraine, et cela risque également de précipiter une crise économique. Lorsque la nouvelle de l’invasion a éclaté, notre équipe a estimé que l’Occident devait, et allait, imposer des sanctions sans précédent à la Russie, nous avons donc immédiatement réduit l’exposition de notre stratégie aux entreprises russes qui semblaient les plus exposées.

 

Il est difficile d’envisager une résolution immédiate de ce conflit dévastateur. Bien que nous ayons l’espoir que des progrès vers un cessez le feu soient réalisés dans les pourparlers, le coût humain de cette guerre est déjà immense et des dommages irréparables ont également été infligés à la position de la Russie dans le monde. Les investisseurs sont souvent confrontés à un exercice d’équilibre entre deux vieux adages: le fait qu’il faille investir à long terme lorsque les choses semblent les plus sombres et, la vieille citation de John Maynard Keynes : « Lorsque les faits changent, je change d’avis ». Nous pensons qu’en ce qui concerne la Russie, les faits ont changé.

 

Les arguments en faveur de l’investissement pour la majorité des entreprises russes, y compris celles très bien gérées et, jusqu’à la semaine dernière, très rentables, ont été brisés par la combinaison de la grave erreur de Poutine en déclenchant sa guerre et des lourdes sanctions nécessaires imposées par l’Occident. À court terme, la Russie ne semble pas investissable, tant pour des raisons fondamentales, la crise économique qui se développe dans le pays, que pratiques, les contre-mesures imposées par Moscou empêchant actuellement les investisseurs étrangers de vendre les actions russes cotées localement. 

 

La crise actuelle aura des répercussions plus graves que la guerre de Géorgie en 2008 ou le conflit de Crimée en 2014. S’il existe des similitudes avec ces épisodes, dont le marché et l’économie russes se sont finalement remis, les sanctions actuelles ont beaucoup plus d’impact, tout comme les contre-mesures économiques. Si une solution est finalement trouvée, les investisseurs commenceront peut-être à envisager les perspectives à plus long terme des entreprises russes, mais tant qu’il s’agira de la « Russie de Poutine », ils resteront extrêmement inquiets de la direction que prend le pays.

 

Si l’on considère les actions des marchés émergents comme une classe d’actifs mondiale plus large, nous pensons depuis un certain temps que leur valorisation est attrayante, tant par rapport aux actions des marchés développés que par rapport à leur propre histoire. Un autre élément qui joue en faveur de ces marchés est qu’aujourd’hui, de nombreuses entreprises ont des bilans relativement conservateurs. La combinaison de ces éléments devrait, à notre avis, rendre les actions des marchés émergents plus résistantes en période de hausse des taux d’intérêt, ce qui semblait d’ailleurs se vérifier avant ces évènements. Les investisseurs de ces marchés doivent maintenant s’attaquer à certaines des conséquences de second ordre de ce qui se passe en Ukraine, et c’est un sujet sur lequel mon équipe et moi-même nous concentrons actuellement.

« The value of active minds » – la pensée indépendante : 

L’une des principales caractéristiques de l’approche d’investissement de Jupiter est que nous évitons l’adoption d’un point de vue maison, préférant permettre à nos gestionnaires de fonds spécialisés de formuler leurs propres opinions sur leur classe d’actifs. Par conséquent, il convient de noter que toutes les opinions exprimées – y compris sur les questions liées aux considérations environnementales, sociales et de gouvernance – sont celles du ou des gestionnaires de fonds et peuvent différer des opinions des autres professionnels de l’investissement de Jupiter. 

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