Marchés émergents en 2022 : les vents contraires vont devenir des vents arrière
Nick Payne, Responsable de la stratégie, Marchés émergents, explique pourquoi 2022 pourrait être une année forte pour les pays émergents alors que leurs programmes de vaccination accélèrent et rattrapent leur retard.
L’année 2022 pourrait bien rester dans les mémoires comme l’année de la réouverture des marchés émergents – moment où leurs économies rebondiront fortement après les restrictions liées à la Covid. Alors que la plupart des pays développés ont rapidement vacciné leurs populations et ont rouvert leurs portes, les pays émergents ont pris du retard. Lorsque les programmes de vaccination des pays émergents rattraperont leur retard, leurs économies rouvriront plus rapidement ce qui pourrait fortement soutenir leurs marchés boursiers.
Les pays d’Asie du Sud-Est sont les plus mal classés dans le classement de Bloomberg sur la résilience face à la Covid, l’Indonésie, la Malaisie, la Thaïlande, le Vietnam et les Philippines se situant dans le dernier tiers depuis plusieurs mois. Leurs exportations ont été durement touchées par la Covid, et les bénéfices liés au tourisme se sont évaporés. Mais ils commencent à rebondir. Les centres commerciaux en Indonésie se remplissent à nouveau. La Thaïlande, dont 18% de l’économie repose sur le tourisme en temps normal, a rouvert ses portes aux touristes début novembre, après 18 mois de restrictions. Le Vietnam a rouvert sa plus grande île aux touristes fin novembre, après près de deux ans de fermeture des frontières et un vaste programme de vaccination.
À mesure que le rythme de vaccination s’accélère dans les pays émergents, les économies locales se redresseront et les investissements devraient reprendre – et l’écart de performance des marchés boursiers se réduira, selon nous. En 2021, les marchés boursiers des pays émergents ont globalement sous-performé par rapport aux marchés développés, tirés vers le bas par la Chine. En revanche, l’Inde, que nous privilégions depuis longtemps, a en moyenne surperformé les marchés développés cette année. L’Inde a adopté une approche moins restrictive face à la Covid que la Chine, et a donné la priorité à la réouverture de son économie. La croissance du PIB de l’Inde en 2021 a été beaucoup plus forte que celle de la Chine, et cela devrait se poursuivre en 2022.
Les vents contraires de la Chine vont s’inverser
La Chine a souffert de trois vents contraires principaux en 2021, qui, selon nous, pourraient tous s’atténuer en 2022 : un ralentissement de l’économie, des problèmes dans le secteur de l’immobilier et une réglementation plus stricte.
La Chine a déployé l’une des réponses les plus dures au monde face à la Covid, ce qui a ralenti sa croissance économique. Au troisième trimestre, la croissance du PIB était de 4,9 % en glissement annuel. (Au début de 2021, les prévisionnistes tablaient sur une croissance supérieure à 8%). Nous pensons qu’un nombre croissant de décideurs chinois de haut niveau s’inquiètent du ralentissement économique et que la Chine pourrait assouplir sa politique monétaire en 2022, alors que le monde développé – confronté à l’inflation – est susceptible de resserrer leur politique monétaire.
En général, les pays émergents n’ont pas eu recours à la monnaie « hélicoptère » (augmentation des dépenses publiques et mesures de relance) dans la même mesure que l’Europe et les États-Unis et ne subiront donc pas le même degré d’assouplissement de la politique monétaire ou de freinage budgétaire que les pays développés en 2022, selon nous. Les vents contraires pourraient se transformer en vents arrière.
Cela dit, force est de constater que le modèle de croissance de la Chine a définitivement changé. Nous ne devons pas nous attendre à ce que la Chine enregistre à nouveau une croissance du PIB de 8 %. Une croissance comprise entre 4 et 5 % du PIB serait encore excellente pour une si grande économie – la deuxième du monde. La croissance future de la Chine devrait être plus solide. Elle s’accompagnera très probablement d’un endettement moindre, dépendra moins des investissements immobiliers et sera davantage axée sur le consommateur.
L’évolution de la Chine vers une réglementation plus stricte en 2021 a été très mal comprise. Il serait alarmiste d’y voir un retour à une sorte de dystopie maoïste. Nous comprenons que cela fait partie de la volonté de la Chine de parvenir à une « prospérité commune ». L’administration chinoise veut s’éloigner de la « croissance à tout prix », pour s’orienter vers une croissance de meilleure qualité et une plus grande inclusion de toutes les parties de la société. C’est une très bonne chose pour les entreprises axées sur le consommateur.
L’analyse macroéconomique a ses limites lorsqu’il s’agit d’investir sur les marchés émergents. Notre approche consiste à rechercher les meilleures entreprises, avec des franchises durables et des bénéfices persistants protégés par de solides boucliers. Les entreprises de qualité sont résilientes et moins dépendantes de l’état général de l’économie. Nous considérons les actions comme des entreprises et les conservons sur le long terme. Comme l’a dit le célèbre investisseur Howard Marks : « La performance ne vient pas de ce que nous achetons ou vendons, elle vient de ce que nous détenons. Notre principale activité est la détention ».
Nous pensons que le grand avantage des entreprises de qualité sur les marchés émergents est qu’elles bénéficient d’une longue période de croissance forte, alors que sur les marchés développés, dans de nombreux cas, cette période est pratiquement terminée.
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