La récente réélection du Premier Ministre Narendra Modi, bien que sans majorité absolue, a abouti à la formation d’un gouvernement de coalition sous sa direction. L’Alliance Démocratique Dationale (NDA), dirigée par le Bharatiya Janata Party (BJP), a obtenu 293 sièges, dépassant largement la majorité de 272 sièges, bien qu’elle ait perdu 60 sièges par rapport à son score de 2019.
Les gouvernements de coalition : une norme historique
Les gouvernements de coalition font partie intégrante du paysage politique indien depuis près de quarante ans. Depuis 1989, les gouvernements de coalition sont plus la règle que l’exception en Inde. Par exemple, l’Alliance Progressiste Unie (UPA) dirigée par le Congrès a gouverné de 2004 à 2014 dans le cadre d’une coalition, réussissant à mettre en œuvre d’importantes réformes économiques et à maintenir la stabilité politique. De même, le NDA dirigé par le BJP gouverne en tant que coalition depuis 2014, les élections de 2014 et de 2019 constituant une parenthèse inhabituelle où le BJP a obtenu à lui seul la majorité.
Le précédent d’une gouvernance de coalition réussie remonte au début des années 1990. Les gouvernements dirigés par diverses coalitions ont souvent mis en œuvre des réformes économiques substantielles, renforçant ainsi la position économique mondiale de l’Inde. En particulier, le gouvernement de coalition du BJP en 1999 et la coalition dirigée par le Congrès en 2004 ont mené des réformes qui ont jeté les bases d’une croissance économique soutenue. Il est important de noter que de nombreuses années de gouvernement de coalition se sont accompagnées de taux de croissance économique élevés et de bonnes performances boursières.
Une performance sans précédent des partis uniques ces derniers temps
La performance du BJP, qui a obtenu 240 sièges à lui seul, représente le score le plus élevé pour un seul parti (sans compter les victoires récentes du BJP) depuis la vague de sympathie pour Rajiv Gandhi en 1984, après l’assassinat du Premier ministre de l’époque, Indira Gandhi. Ce résultat souligne la force continue du BJP et l’influence de Modi sur la politique indienne, et réaffirme la solidité du soutien populaire et de la force organisationnelle du parti. Il y a eu clairement des votes anti-conservateurs dans le nord du pays, bien que la part de voix du BJP ait augmenté dans le sud. Manifestement, les marchés et les prospectivistes se sont trompés en s’attendant à une nette majorité du BJP, comme en 2014 et en 2019.
Perspectives économiques : croissance prometteuse
L’économie indienne est prête à connaître une croissance robuste, encore renforcée par la réélection de Modi. L’Inde vient d’enregistrer le taux de croissance du PIB le plus élevé au monde, estimé à 8,2% pour l’année fiscale 2023-24. Cet exploit remarquable se produit dans un contexte d’incertitudes économiques mondiales et témoigne de la solidité des fondamentaux économiques de l’Inde et de l’efficacité de ses mesures politiques.
Cette croissance est complétée par l’anticipation d’une bonne mousson, qui promet de rajeunir les revenus agricoles et de stimuler la consommation. Le département météorologique indien (IMD) a prévu une mousson favorable pour 2024, ce qui représente une amélioration significative après plusieurs années de précipitations inférieures à la moyenne. De bonnes moussons sont cruciales pour le secteur agricole, qui emploie une grande partie de la population et stimule la demande rurale.
En outre, les entreprises indiennes ont enregistré des bénéfices records pour l’exercice financier se terminant le 31 mars 2024. Le bénéfice net combiné des entreprises du Nifty 50 a augmenté de 18% par rapport à l’année précédente, ce qui témoigne d’une solide performance des entreprises. Les analystes ont par la suite revu à la hausse les taux de croissance du bénéfice par action (BPA) pour les exercices 25 et 26, ce qui témoigne de la confiance soutenue des investisseurs et des perspectives positives en matière de rentabilité des entreprises. Les entreprises dans lesquelles nous investissons ont, en moyenne, enregistré une croissance de leurs bénéfices nettement supérieure à celle de l’indice.
Réformes stratégiques et prospérité continue
Le gouvernement dirigé par Modi devrait poursuivre la mise en œuvre des réformes stratégiques qui ont joué un rôle essentiel dans l’ascension économique de l’Inde. Les réformes clés en matière de développement des infrastructures, d’économie numérique et d’assainissement budgétaire ont créé un environnement propice à la croissance. Par exemple, l’accent mis par le gouvernement sur les dépenses d’investissement public, comme le National Infrastructure Pipeline (NIP), a considérablement stimulé le développement des infrastructures. Aucun ralentissement majeur des dépenses d’infrastructure ou de défense n’est prévu, même si les nouvelles réformes politiques risquent d’être retardées. L’un des alliés sera le parti Telugu Desam, dirigé par N. Chandrababu Naidu. Naidu est connu pour ses solides références en matière de réformes et est largement crédité de la transformation d’Hyderabad en un centre technologique. Des entreprises telles que Microsoft et Google ont désormais de grands bureaux dans la ville.
Opportunités d’investissement et sentiments du marché
Les indicateurs économiques positifs et la stabilité du gouvernement sont de bon augure pour les investisseurs. La Reserve Bank of India (RBI) a joué un rôle crucial dans le maintien de la stabilité économique en maintenant le taux directeur à 6,5%, garantissant ainsi une liquidité abondante sur le marché. En outre, les efforts de la RBI pour constituer d’importantes réserves de change, qui s’élèvent actuellement à environ 640 milliards de dollars, permettent de se prémunir contre la volatilité de l’économie mondiale.
La prudence budgétaire du gouvernement et l’accent mis sur les réformes structurelles renforcent l’attrait du marché indien pour les investisseurs nationaux et étrangers. Le déficit budgétaire pour l’exercice 2024 a été réduit à 5,6% du PIB, ce qui est supérieur à l’estimation du gouvernement et témoigne d’une gestion budgétaire rigoureuse. Avant l’annonce des résultats des élections, S&P Global Ratings a relevé la semaine dernière la perspective de la note souveraine de l’Inde de « stable » à « positive », tout en conservant la note « BBB-« .
Les perspectives restent positives
La réélection du Premier ministre Modi, bien que dans le cadre d’une coalition, devrait garantir la stabilité et la prospérité économique de l’Inde. Forte d’une gouvernance de coalition et d’un engagement en faveur des réformes économiques, l’Inde devrait rester une destination lucrative pour les investisseurs à long terme. Les perspectives économiques positives, soutenues par une mousson prometteuse et des performances d’entreprise solides, renforcent la position de l’Inde en tant que leader de la croissance mondiale.
Selon nous, l’Inde devrait poursuivre les progrès remarquables réalisés ces dernières années sous un gouvernement de coalition dirigé par Modi. Les investisseurs peuvent s’attendre à une période de stabilité et de croissance soutenue, ce qui permettra à l’Inde de rester un choix intéressant pour les investissements à long terme.
Il est possible que les marchés fluctuent dans les deux sens au cours des prochaines semaines, alors que le nouveau cabinet prend forme et que le budget est dévoilé au début du mois de juillet. Cependant, une fois la poussière retombée, nous pensons que l’attention se portera à nouveau sur les fondamentaux, qui restent extrêmement solides.
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